Marcel Ghigny

Il n’y a pas de hasards, il n’y a que des rendez-vous.

Côte d'Azur, 1957.

La French Connection est en place.

Marc Chagall et Jean Cocteau peignent des anges.

Et Juliette de Chablis a disparu…

La petite ville de Villefranche-sur-Mer devient le théâtre d'étranges va-et-vient.

Dans ce décor, Charles-Adel et Alan, deux largués par la vie, n'auraient jamais dû se rencontrer.

Mais l'enquête les enveloppe, les malmène, les menace et les obligera à unir leurs faiblesses…

Cover Ange 1218
L'Ange nu 15€
ampersand

Clea : Un style abouti, élégant et littéraire… une atmosphère habilement dessinée.

Joseph Bodson, AREAW (Association Royale des Ecrivains et Artistes de Wallonie/Bruxelles) : L’art du dialogue, joint à celui de présenter l’action, rapide et souvent contondante, ne laisse aucune place aux temps morts. ... une sorte d’eau de Jouvence… Hors des sentiers battus.

Paul Huet, Bruxelles Culture : Passionné d’écriture, Marcel Ghigny signe un troisième roman aux éditions Bernardiennes et le pare d’excellence. La fluidité de sa plume et un contexte richement documenté font de ce récit une promenade agréable dans le passé.

Découvrez les 10 premières pages !

Extraits

Charles-Adel commande son troisième café lorsqu’elle apparaît. Elle s’approche, les mains blotties dans les poches de son trench-coat, le talon haut, le mollet galbé, la démarche rapide. Son sac en bandoulière se balance au rythme d’une démarche dynamique. L’image est belle, harmonieuse, moderne. Il repense alors à sa tante, celle qui habitait Marrakech. Pour qui modernité s’appliquait à ses talons aiguilles, sa robe courte et ses cheveux au vent.

Tout est différent ici. Les couleurs, les oiseaux, la lumière. Mais pas la peur, la souffrance ou la faim.

Elle passe devant lui. Elle porte son foulard bleu. Aujourd’hui, elle l’a noué sur la tête pour se protéger du vent froid. Il est d’un bleu tendre, bleu ciel. Le motif d’un oiseau se devine. Il est posé sur une barque, il est enlacé et heureux. Il l’a bien vu dimanche dernier. Il s’étalait sur ses épaules, baigné du soleil de mars et caressé par deux tresses. Un oiseau au regard tendre imprimé sur un pongé de soie.

Il se lève et se dirige vers les escaliers. Il n’entend plus les questions de cet homme étrange. Mascotte le suit, sans broncher, sans s‘arrêter. Il connaît suffisamment son maître pour savoir qu’il n’est plus là, plus pour l’instant. Et lorsqu’ils arrivent devant l’épicerie, Alan s’arrête et s’assied sur le muret. Mascotte se couche, haletant. Son maître le caresse, d’une main lasse.

Tu l’aimais, Juliette, pas vrai ?

Le chien relève la tête.

Moi aussi. Avant. Quand elle était encore un ange. Quand je cherchais encore ses ailes.

Tu es un ange.

Elle m’a d’abord répondu d’un sourire.

C’est gentil de me dire ça. C’est le premier mot gentil que tu prononces depuis notre départ.
Je voudrais voir tes ailes.
Mes ailes ? Tu es un drôle de garçon toi. Tu veux voir mes ailes ?
Elles ne doivent pas être grandes.

Elle m’a regardé d’un air étrange. Elle avait un sourire au coin des lèvres. Alors, elle s’est retournée, elle a retiré sa chemise. Plus rien ne cachait sa peau bronzée. Elle n’avait pas d’ailes. Juste des omoplates saillantes et un dos marqué par une taille fine.

Juliette s’était placée entre les deux hommes. Elle avait posé sa tête sur l’épaule de Charles-Adel après avoir essayé de la poser chez Alan. Seul Mascotte semblait disposer du droit de toucher son maître en posant sa gueule sur ses genoux.

Ils doivent parler fort tant la mer se fait entendre. Les vagues s’acharnent sur les rochers inertes. L’Éole semble jouer avec ce milieu qui l’a vu naître. Belle image, idyllique, sans failles et pourtant. Le dos de la chemise de Charles-Adel est humide, et le froid du soir le fait frissonner davantage. Celui de Juliette, très légèrement caché par un débardeur, laisse voir des épaules arrondies par une forme de lassitude et elles sont prises par instant de spasmes. Celui d’Alan est droit, raide, contenu. Et le soupir de Mascotte semble résumer une situation complexe et qui semble sans issue. Il y a la mer, il y a l’horizon et le seul lien possible entre les deux est le petit voilier qui tangue et semble être le seul à profiter du moment.

Il faut partir.

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